Un Jeu de Pouvoir
Pourquoi plaint-on toujours les personnes qui se posent en victimes ? Et si c’était un jeu de pouvoir redoutable qui piège son entourage à son insu ?

Nous pensons souvent que la loi du plus fort est toujours la meilleure, comme l’a dit Monsieur de La Fontaine. Nous croyons aussi qu’un jeu de pouvoir est forcément mené par des personnes fortes, autoritaires, voire tyranniques. Mais si la victimisation était aussi un jeu de pouvoir ? Si certaines personnes, consciemment ou non, captaient l’attention et manipulaient leur entourage en jouant les « Calimero » et exerçaient une emprise sur les autres ?
Vous avez sûrement déjà côtoyé une personne qui capte toute l’attention en se posant en victime. Mais trouvez-vous qu’elle joue un jeu de pouvoir sous couvert de souffrance ? Non, bien sûr, nous la plaignons. La pauvre, tout ce qu’elle a vécu… Il lui arrive tellement de choses. Elle est malade tout le temps.
Oui, mais de ce fait, elle inverse les rôles, culpabilise son entourage et empêche toute émancipation de ses proches. Ce mécanisme est souvent invisible, mais il épuise ceux qui en sont les cibles. Comment le repérer et s’en libérer ?


Un mécanisme bien rodé que ce jeu de pouvoir
A la question, comment ça va ? ces personnes répondent tout le temps par des plaintes. Certes, certaines d’entre elles croient sincèrement être des victimes, mais ne transforment-elles pas leur souffrance en instrument de contrôle ? D’autres le font consciemment, refusant de creuser leurs blessures. Avez-vous remarqué que si vous leur parlez de vos problèmes, elles ont toujours pire ?
En gros, elles ne supportent pas de ne pas être au centre. Elles sont les plus malheureuses. Elles vivent tout de manière tragique. Et puis, dès qu’on tente de s’éloigner, elles accentuent la pression. Elles ont de nombreuses façons de se remettre au centre et d’attirer l’attention.
Cela peut commencer par des crises de larmes, sous prétexte qu’elles sont trop émotives et fragiles. Du coup, il est important de faire attention à ne pas les blesser. Ce qu’elles, de leur côté, ne se privent pas de faire, car elles sont bien sûr plus à plaindre que le commun des mortels.
Elles peuvent déclencher des maladies soudaines. Entrer dans une grève de la faim dissimulée : elles n’annoncent rien, mais elles n’ont plus d’appétit. Elles maigrissent, se sentent fatiguées en permanence. Le cercle vicieux est enclenché.
L’entourage se sent coupable et, malgré la fatigue ou leurs propres problèmes de santé ou autre, finit par céder. Le cycle recommence. Plus on donne, plus elles exigent. Elles absorbent toute l’énergie de leurs proches, sans jamais reconnaître leur emprise.

Exemples concrets : des situations du quotidien
Ce jeu de pouvoir se manifeste dans différentes situations :
Un grand-père se met à manger moins lorsque sa femme parle de sa douleur, et veut se prioriser. Elle se néglige depuis des années car il est « fragile », mais lui ne supporte pas de ne pas attirer l’attention.
Une mère malade empêche sa fille de vivre sa propre vie, prétextant qu’elle a besoin d’elle. Et cette dernière se retrouve une fois sa mère décédée, à se dire qu’elle a raté sa vie.
Une mère place son fils sur un piédestal, dans une relation fusionnelle qui l’empêche de s’épanouir. Il pourra lui présenter toutes les « fiancées » qu’il veut, rien n’y fera. Elles ne seront jamais assez bien pour lui, du point de vue de la marâtre. Car elle veut garder son fils pour elle seule.



Pourquoi l’entourage reste piégé ?
La société valorise le soutien aux personnes en détresse. Dire « je me fais manipuler » passe pour un manque de compassion. Mais sommes-nous conscients que nous sommes parfois manipulés ?
Les sauveurs/sauveuses ont souvent cette étiquette depuis l’enfance. Il est dans leur nature d’aller aider, soutenir. Mais voient-ils vraiment qu’ils ont cette étiquette ou ce masque ? Souvent non, car cela leur semble naturel.. D’ailleurs, tout le monde leur dit qu’ils sont doués pour soutenir, écouter, remonter le moral. Oh mais toi tu as un don pour ça. Alors forcément ils y croient, et puis ça fait plaisir de se sentir utile.
La culpabilisation agit lentement et nous rattrape. A chaque fois que nous voulons sortir de ce triangle, victime/bourreau/sauveur, elle tape à notre porte. Jusqu’à nous faire croire qu’on est fautif. Tu as bien changé nous dit on, si jamais nous pensons, pour une fois, à nous prioriser. Tu deviens égoïste. Mais rappelons nous que Lise Bourbeau dit : égoïste c’est demander à l’autre de nourrir nos besoins…. Donc qui est égoïste ? Je dis ça, je dis rien LOL.
Avez-vous remarqué aussi que vous pouvez faire 1000 choses bien, si jamais la 1001ème est ratée, on vous en voudra. Nous disant que nous montrons notre vrai visage hein ??? Tandis que ceux qui sont des Taties Danièle en puissance, n’ont qu’un seul bon geste à leur actif, et soudain, on les trouve « pas si méchants que ça ».
L’aveuglement collectif renforce ce système toxique. On accorde du crédit à celui qui souffre, sans voir la manipulation sous-jacente. Ceux qui osent s’éloigner sont perçus comme insensibles.

Je vous donne un exemple
Prenons une femme qui a vécu des années avec un manipulateur pervers narcissique alcoolique. Lui ? Charmant en public, toujours une bonne blague, un sourire de façade. Des grandes idées, une grande gueule, limite charismatique, leader qui en impose. Elle ? Muette en public, car épuisée, usée, à bout.
Mais qui la croit ? Personne. « Elle est dure », « elle exagère », « elle est méchante avec lui » « purée elle fait tout le temps la gueule ». Pendant qu’elle tente de survivre, lui joue la carte du pauvre type dépassé par sa femme insupportable, mais qu’il a la bonté de protéger. Et tout le monde y croit.
Jusqu’au jour où elle s’en va. Et là, surprise : il refait son cinéma avec d’autres. D’un coup, certains commencent à voir son vrai visage. Trop tard pour elle, le mal est fait. Pendant des années, elle a porté l’étiquette de la « pénible, chieuse à souhait », pendant que le bourreau récoltait les larmes et le soutien. Voilà l’aveuglement collectif en action

Et ceux qui disent STOP ?
Et si, à l’inverse, on parlait de ceux qu’on qualifie de « forts » ? Ceux qui ne se plaignent jamais, qui assument, qui portent tout sans broncher. Ceux qui encaissent, encore et encore, parce qu’ils ont toujours fonctionné ainsi.
Mais qui, bizarrement, lorsqu’ils finissent par dire STOP, se font lapider. Ah ben non, ce n’est pas comme ça que ça marche. On les traite de durs, d’insensibles. On leur reproche de ne plus vouloir « aider », de devenir « méchants ». Comme dans les exemples que je donne plus haut. Ils se sont souvent « sacrifiés » et ont pris en charge ce que leur entourage «Calimero » ne faisait pas. Ils n’ont jamais rien exigé des autres. Ils ont assumé lorsque l’autre était absent de la vie de famille, de couple. Gérant tout parce qu’il faut bien que quelqu’un s’en occupe. Oui mais toi tu sais faire et t’as pas peur… Ben si j’ai peur. Mais je fais. Parce que ça doit être fait. Point.
Et puis un jour, ils ont décident qu’ils ne veulent plus distribuer leur énergie à ceux qui la pompent sans scrupule. Et là, ironie du sort : eux, qui ont tout donné, se retrouvent dans le rôle du bourreau. On leur rappelle toutes les fois où ils ont été disponibles, et on leur balance en pleine face : « Tu as changé, tu n’es plus la même personne. »
La « victime/bourreau » se sent abandonnée, insiste car son schéma est mis à terre. Mais mettre fin à ce schéma, ce n’est pas juste tourner une page. C’est déclencher une tempête. D’un coup, ils deviennent les coupables. On les montre du doigt, on les accuse. Parce que mettre des limites, après avoir tout donné, ça dérange. Et le prix à payer est souvent bien plus violent qu’on l’aurait cru.



Les conséquences : un prix à payer lourd
Les sauveurs/sauveuses sont souvent aussi des personnes qui ne se plaignent jamais. Quoi qu’il leur arrivent, ils carrent les épaules, plaquent un sourire, la plupart du temps factice sur leur visage, et assument. Ils donnent, donnent, donnent car ne savent souvent pas recevoir. Et puis on va pas laisser les autres dans la merde hein… même si les autres a contrario vous disent quand vous l’êtes jusqu’au cou : ben désolée mais moi je sais pas faire comme toi, donc démerde toi.
Alors souvent aussi, génération « marche ou crève » oblige, ils assument encore et encore.
Et puis un jour, ils finissent par s’épuiser. Ils sacrifient leur temps, leurs envies, leur santé mentale. Leur propre identité disparaît sous le poids de cette relation toxique. Quand ils réalisent l’emprise, il est souvent tard.
Se libérer de ce cercle vicieux demande du courage. Un jour ils se retournent sur tout ça, et se disent : mais moi j’existe où ? Quand ? Comment ? Alors doucement, car la culpabilité les rattrape souvent, ils apprennent à poser des limites. Assument leur besoin de distance et comprennent que l’on n’est pas responsable du bonheur des autres. Ce n’est pas être insensible, c’est se protéger.
Parfois, ils n’y arrivent pas, et restent toute leur vie dans ce cercle vicieux sans prendre conscience que l’autre leur pompe leur jus.

Comment agir face à ce jeu de pouvoir ?
Prendre conscience du schéma : Identifier si l’on est dans un triangle victime-bourreau-sauveur.
Se détacher émotionnellement : Ne pas réagir systématiquement par de la compassion ou de la culpabilité.
Poser des limites : Apprendre à dire non sans culpabiliser.
Valoriser l’autonomie : Ne pas nourrir le jeu en prenant systématiquement en charge les problèmes de l’autre.
Observer les signes : Si une personne revient toujours avec des drames, voir comment on se sent après l’avoir côtoyée.


Conclusion : Un jeu énergétique inconscient ?
Un point intéressant à observer : si l’on mesure le taux vibratoire de ces personnes, alors qu’elles se disent au plus mal, il est possible qu’il ait augmenté après une crise. Pourquoi ? Parce qu’en captant l’attention, elles puisent dans l’énergie des autres. Cet effet peut se produire après une crise de larmes, une sidération ou même une tentative de suicide, qui devient un appel au secours.
Du fait de leur « crise » ils sont plus entourés et reprennent de l’énergie en la pompant sur l’entourage. Et puis les autres nourrissent leur besoin de « reconnaissance », « d’attention ».
Finalement, ce n’est pas tant une question de bien ou de mal. Ces personnes ne sont pas à diaboliser, elles comblent un vide intérieur de manière inconsciente. Elles ont des blessures d’abandon et de rejet qui les poussent à chercher cette attention. Mais cela ne justifie pas l’emprise exercée sur les autres.
Avez-vous déjà été piégé sans le voir venir ? Comment avez-vous réagi ? Avez-vous réussi à poser des limites ou êtes-vous encore sous emprise ?

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