La perception des choses
Chacun est unique et perçoit les choses à sa façon, avec ses réactions et ses jugements. Et si nous apprenions à regarder autrement, au lieu d’imposer notre vérité ?

La perception des choses : une réalité subjective
Tout le monde est différent et unique. C’est pourquoi la perception des choses varie d’une personne à l’autre. Nous ne voyons pas la réalité telle qu’elle est, mais telle que nous sommes. Nos filtres personnels influencent ce que nous comprenons et ressentons.
Un même événement peut être perçu de manière totalement opposée. Ce qui paraît dramatique pour l’un peut sembler anodin pour un autre. Tout le monde connaît le fameux dessin représentant un chiffre : selon l’angle de vue, l’un y voit un 6 et l’autre un 9. Qui a raison ? Les deux !
Mais alors, si chacun voit midi à sa porte, pourquoi certains cherchent-ils absolument à imposer leur version comme la seule et unique vérité absolue ? Ce besoin d’avoir raison à tout prix révèle bien souvent une insécurité profonde ou une volonté de contrôle.

Nos filtres : entre loupe et microscope
Nos perceptions sont comme des lunettes déformantes. Parfois, nous chaussons nos lunettes grossissantes, tel le hibou des livres d’enfant, et nous agrandissons certains détails au point de ne voir plus qu’eux. Parfois, nous chaussons nos lunettes minimalistes pour rétrécir la réalité. Pas forcément par peur, mais parce que nous minimisons certains faits au point de les ignorer. Souvent du fait aussi que nous avons appris que ça n’était pas important.
Car ces filtres se construisent avec notre vécu. Notre éducation, nos schémas appris et nos expériences influencent notre manière de voir le monde. Une personne élevée dans le drame, la colère ou la tristesse percevra la vie sous un prisme bien différent de quelqu’un ayant grandi dans un environnement plus apaisé.
Quand un événement survient, certains vont hurler au scandale, paniquer, alors que d’autres y verront un non-événement. Ces différences de perception expliquent de nombreux conflits, incompréhensions et tensions. Quelqu’un qui voit un drame là où un autre ne voit rien ne comprendra pas pourquoi l’autre reste « atone » face à la situation, quand lui ou elle a la tension artérielle au plafond, des sueurs froides, des tremblements.



Une situation, plusieurs vérités ?
Le dessin du 6 et du 9 illustre bien cette question. Selon notre angle de vue, nous sommes convaincus d’avoir raison. Pourtant, une autre perspective existe. Cette diversité de perceptions est normale et enrichissante, mais elle devient problématique lorsqu’on cherche à imposer la nôtre comme seule vérité.
C’est pour cela que souvent, lors d’un accident de la route par exemple, s’il y a trois témoins, il y aura trois versions des faits. Apprendre à prendre de la distance et envisager d’autres angles permet d’éviter des malentendus et d’améliorer notre communication.
Je me rappelle pendant mes cours sur l’Ayurveda et les massages, nous avons eu la chance, comme notre formation était aussi empreinte de différentes visions des choses comme la sophrologie ou la psychologie, de faire un atelier sur l’aromathérapie et l’olfaction. Une personne était allongée sur le futon, une autre mettait les gouttes d’huiles essentielles sur un testeur de parfum. Une troisième notait le ressenti de celle allongée. Chaque odeur interpellait différemment. Je me souviens que, pour moi, le benjoin était insupportable, puait «grave sa mère» comme dit ma nièce. Alors que pour ma collègue, cela sentait le chamallow et lui rappelait des bonbons…

Nos blessures, des amplificateurs de perception
Nos blessures émotionnelles influencent directement notre perception. Une personne ayant vécu l’abandon pourra se sentir abandonnée là où il n’y a pas matière à un tel ressenti. Quelqu’un marqué par l’injustice réagira violemment à des situations que d’autres trouveront anodines.
Un exemple qui m’a interpellée : au Québec, l’expression « c’est ben correc » me semble pleine de bienveillance, un peu comme un « pas de souci » à la sauce québécoise. Je l’ai même adoptée en plaisanterie avec mes proches. Pourtant, lors d’un réseautage, une dame m’a confié que, pour elle, cette phrase réveillait des souvenirs bien moins joyeux. Son ex-compagnon la répétait à tout-va pour éviter de prendre des décisions, la laissant constamment gérer seule les choix du quotidien. Résultat : ils ont divorcé. Comme quoi, une expression anodine pour les uns peut être lourde de sens pour d’autres, selon les blessures et expériences personnelles.
Nos expériences passées déterminent nos réactions. Prendre conscience de ces biais permet d’éviter de sur-réagir ou de mal interpréter les intentions des autres. Ce qui est un simple mot pour l’un peut être une dague en plein cœur pour un autre. L’émotionnel prend souvent le dessus sur la raison, et c’est ainsi que naissent les conflits, les incompréhensions, voire les ruptures relationnelles. Nos filtres sont biaisés, nos émotions les amplifient… et pourtant, on persiste à imposer notre point de vue. Mais est-ce bien utile ?
Cela dit, pourquoi ne pas tenter de se mettre à la place de la personne en face de nous ? Car si nous trouvons qu’elle exagère un fait alors que, pour nous, c’est du « pipi de chat », cela nous appartient certes. Mais comprendre pourquoi elle réagit ainsi pourrait aussi nous amener à mieux comprendre nos propres réactions, non ? À avoir plus de compassion sans jugement. Elle réagit comme elle peut avec ce qu’elle a reçu, compris, engrammé.



Faut-il imposer sa vision aux autres ?
Voir les choses différemment est normal. Mais doit-on imposer notre perception aux autres ? Chercher à convaincre l’autre à tout prix peut créer plus de tensions que de compréhension. Dégainer sa pelle juste parce que l’autre a chaussé ses lunettes grossissantes, alors que vous regardez par l’autre côté de la lorgnette, est-ce bien utile ?
J’ai connu des personnes qui soutenaient mordicus qu’elles avaient raison, même avec la définition du dictionnaire sous le nez. Croyez-le ou non, mais le dictionnaire avait tort… si, si, je vous assure !
Anecdote : un jour, sur un compte rendu opératoire, j’ai écrit un mot en étant sûre de moi. J’avais eu un médecin très à cheval sur l’orthographe, qui ne manquait pas, à l’heure des machines à écrire (ben quoi, je n’ai pas toujours tapé sur un ordinateur, et alors ? Vous allez dire que je suis vieille ? LOL), de barrer totalement le compte rendu si une faute s’y glissait. La faute en bas, son coup de crayon remontait jusqu’au sommet de la feuille et inversement. Vous deviez tout retaper forcément. J’avais donc bien retenu la leçon sur ce mot… même si, à l’heure où j’écris cette actualité, il m’est complètement sorti de la tête. Bref, passons..
Des années plus tard, un autre médecin, relisant mon compte rendu, m’affirme qu’il y a une faute. Ah mais non, j’en suis certaine ! Il a tellement été vexé, lui qui se targuait de ne jamais se tromper, qu’il a fouillé dans un vieux bouquin poussiéreux jusqu’à trouver une variante qui, selon lui, justifiait qu’il avait raison. Puis, triomphant, il est venu me coller le livre sous le nez.
Bon de mon côté, haussement des épaules, ben si ça vous fait tant plaisir je vais l’écrire comme vous le voulez, mais je vais enlever mes initiales du compte rendu. Histoire de ne pas passer pour une buse, pas exagérer non plus.
Plutôt que de vouloir avoir raison, il peut être plus utile d’écouter et d’essayer de comprendre d’où vient la perception de l’autre. L’empathie et la communication permettent souvent de désamorcer des conflits qui ne sont finalement qu’une question de point de vue.

Conclusion
Vaste sujet que la perception des choses. Peut-être que vous avez d’autres exemples qui vous viennent en tête. En tout cas, ce qui est certain, c’est que se friter la tronche pour un truc que l’un voit bleu et l’autre vert n’a aucun intérêt… enfin, à mon sens.
Bien sûr, si l’on aime la baston, allons-y !
Mais prendre de la distance, tenter de comprendre le point de vue de l’autre, même si nous ne sommes pas d’accord. Ça n’a rien à voir d’ailleurs. Car nous pouvons avoir des points de vue diamétralement opposés, ne pas être d’accord et s’écouter. Ça n’est pas incompatible, même si ça n’est pas, d’un premier abord, facile à réaliser.
Cela dit vous, vous êtes plutôt baston et dégainage de pelle car votre façon de voir est la meilleure ? Vous acceptez de pouvoir voir différemment ? Ou vous acquiescez quand l’autre hurle ? Vous faites connaître votre point de vue ? Mais restez ouvert ou pas ? Et si, au lieu de chercher à convaincre, on apprenait à regarder autrement ?

Une question, un commentaire, n’hésitez pas à me contacter