Chamanisme : entre vérité sacrée et marketing
De nos jours, ça gêne personne de “devenir chamane” en 3 week-ends ? Mais derrière les plumes et les discours perchés… que reste-t-il du vrai chamanisme ?

Aujourd’hui, on trouve des “chamanes” à chaque coin de stand de salon bien-être. Tambour à la main, costume à plumes (achetées sur Amazon) ou pas, parce que « c’est trop intérieur ». Et discours sur les “guides de lumière” qui les accompagnent. La question se pose : chamanisme, entre vérité sacrée et marketing, en fait… c’est quoi, le chamanisme ?
Car bon c’est bien beau d’en parler mais est ce qu’on sait vraiment ce que ça représente ? Ce que ça implique ?
Que reste-t-il de cette tradition millénaire quand elle est récupérée, digérée, et régurgitée par notre société occidentale en mal de repères, de statut… voire d’un business juteux ?


Le chamanisme originel : une transmission, pas une envie
Le chamanisme, c’est une pratique ancestrale de relation directe avec les forces invisibles du vivant. Ce qu’on appelle « les esprits », « l’invisible », ou « le monde non ordinaire ». Le chaman est un passeur entre les mondes, une personne capable d’entrer dans des états modifiés de conscience (via la transe, le tambour, le jeûne, les plantes, la solitude…). Pour recevoir des informations, soigner, rétablir un équilibre ou ramener une âme fragmentée.
Ce n’est pas une religion, ni une croyance. Et surtout pas un business à paillettes. C’est une fonction dans une communauté : Quelqu’un qui écoute ce que personne n’entend, voit ce que personne ne voit, et ramène à la surface ce que les autres ne savent pas nommer.
A noter tout de même qu’un vrai chaman ne se proclame jamais chaman. Il est reconnu comme tel par sa communauté. Parce qu’il a traversé l’épreuve, parce qu’il a guéri, parce qu’il est allé au bout de lui-même. Souvent d’ailleurs au prix fort (maladie, isolement, folie frôlée, nuit noire…).

Des rencontres qui marquent
Personnellement j’ai eu la chance immense de rencontrer trois vrais chamanes dans ma vie, issus des peuples premiers.
Le premier venait de Mongolie. Là-bas, être chamane, c’est plutôt une malédiction. Ce sont les esprits qui vous choisissent. On ne s’auto-proclame pas. On ne “se forme” pas. L’appel est subit. Celui que j’ai rencontré avait reçu cette transmission par sa mère. Souvent ça se passe dans la douleur, l’isolement, les visions et épreuves à la clé. Il nous a montré son costume traditionnel et il dégageait une aura impressionnante de force.
Celui venu du Pérou, nous a expliqué que là d’où il vient, on devient chamane après avoir été frappé par la foudre. Il a été isolé dix jours dans une cabane. A survécu et c’est après cet isolement qu’il a commencé à recevoir des enseignements invisibles. Il nous a plus parlé des plantes mais lui aussi dégageait quelque chose de grand. Même s’il était petit de taille.
La troisième personne chamane était une femme médecine, diné. Patricia Anne Davis, de son nom de Mickey, comme elle dit, nous a expliqué que son nom de chamane ne peut pas être partagé : il est sacré, réservé aux initiés. Elle a raconté le calvaire de son peuple. Sa naissance dans une réserve. Elle transmettait pour que personne n’oublie. Là encore, rien n’est mis en vitrine.
C’est une voie d’humilité, pas de démonstration. Une responsabilité, pas un costume.



Le chamanisme en kit : talons aiguilles et tambours désaccordés
Et puis il y a ce qu’on voit ici, chez nous, dans ce monde du “bien-être” où le retour à la nature est devenu une mode.
Trois week-ends sous une yourte, un stage “initiation chamanique”, quelques respirations profondes sur fond d’encens… et hop ! Voici une “Chamane Intuitive certifiée Reiki Lémurie niveau 12”.
Certaines tapent sur leur tambour comme on bat un tapis, perchées sur des talons aiguilles, avec un sourire figé et un regard mystique.
C’est censé impressionner, mais ça sonne creux. Ça ne vibre pas. Ça ne traverse rien.
C’est juste du bruit. Du geste sans présence.
On dirait une fanfare de majorettes spirituelles.
Leurs mots sont flous, parfois perchés à un tel point qu’on se demande si on est stupide de ne pas comprendre. Et ce jargon mystico-new age, gonflé de grandes phrases sans fond, laisse un arrière-goût de vide.
On ne ressent rien. Rien de vrai. Rien d’incarné. Enfin c’est mon point de vue hein. Z’en avez un autre, ben parfait. Faut de tout pour faire un monde.

Quand le tambour t’appelle (développement naturel)
Alors qu’on soit clair : je ne dis pas que toutes les personnes ayant fait une formation chamanique sont perchées ou dans le blabla marketing.
Loin de là.
Je connais des personnes exceptionnelles. Des âmes vraies, qui ne s’inventent pas une connexion, mais qui la vivent, la tissent, la vibrent.
Quand elles frappent leur tambour, ça ne fait pas joli. Ça fait vrai.
Le son traverse. Il vient chercher dans les tripes, fait pleurer, trembler, respirer. Il remet en vie.
Je pense à certaines femmes puissantes — notamment une de mes amies. Sortie d’une vie de chaos, non pas en allant chercher des réponses toutes faites, mais en revenant à la matière, à ses mains, à son souffle. Elle fabrique ses tambours. Les entend vibrer avant même qu’ils ne soient nés.
Et quand elle joue, ce n’est pas une performance : c’est une offrande.
Je ne jette pas la pierre à celles et ceux qui trouvent du réconfort dans des pratiques inspirées.
J’ai vu des amis se reconnecter à eux-mêmes grâce à ça. Mais il y a une différence immense entre s’inspirer humblement… et s’auto-proclamer tout-puissant avec trois mots-clés copiés-collés sur une fiche Insta.


Conclusion : mon point de vue, mais chacun le sien hein…
Le chamanisme, le vrai, ne cherche pas à être vu. Pour lui, pas besoin de projecteur, ni de storytelling bien huilé.
Il agit, soigne, dérange aussi parfois. Ne se crie pas. Mais se transmet.
Surtout, il ne s’achète pas en promo sur un salon.
Mais il continue d’exister. Discret. Authentique. Dans les silences, les forêts. Dans les tambours qui battent pour de vrai avec le coeur.
Il est là, dans les mains de celles et ceux qui marchent leur parole, pas dans les vitrines. Sans promettre l’illumination : il ramène au vivant. Brut. Inconfortable. Guérisseur.
Et si quand vous entendez un tambour vous …. écoutiez ? Pas le bruit hein. La vibration, le ressenti dans le corps, l’appel. Celui qui touche l’âme, pas l’égo. Qu’est-ce que ça changerait ?
De mon point de vue, le vrai sacré ne ressemble à rien. C’est juste à un battement profond qui se ressent, pulse en vous. Vous rappelle que vous êtes là. Vivant. Et humble.

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