On croit connaître les gens…
Derrière chaque posture ou sourire, il reste des colères, des passions, des secrets. Ces facettes, qui surprennent et nous gardent vivants, quand on pensait tout savoir…
Souvent j’ai entendu : « ah mais je le ou la connait par cœur. Je sais comment il ou elle va réagir ». Et puis une anecdote et je me dis : on croit connaître les gens… mais les connaît-on vraiment ?
Une soirée thème années 80 à laquelle je suis invitée. Les personnes qui fêtent leur anniversaire ont dit : jouez le jeu, arrivez années 80, ça serait cool.
Alors je sors le grand jeu. J’ouvre mon armoire et je sors : perfecto rose, escarpins à talons, ceinture chaîne bad girl, T-shirt trash, bénard rock. Pour le fun, je rajoute : des lunettes miroirs façon Madonna, nœud nœud doré dans les cheveux et bijoux en toc véritable assumés.
Et, je poste une story en tenue années 80, où je dis que je suis à fond dans le thème. Et là, résultat : 130 vues sur ma story. Des compliments que je déchire grave en arrivant à la soirée. Wahou !!!
Tout ça parce que j’ai montré une facette qu’on n’attend pas de “la relaxologue zen”. De l’accompagnateuse qui dégomme les croyances et utilise un caterpillar de chantier pour vous permettre de gratter dans votre vase.
Et là, ça m’a frappée : combien de gens croient connaître les autres, alors qu’ils n’en connaissent qu’un fragment ?
Un pote d’un ami m’a encore sorti le fameux “ah mais moi je le connais par cœur !”. Sérieux ? Même après 36 ans de vie commune, mon mari continue à me surprendre parfois. Et moi, je continue à le surprendre aussi. Alors le pote… disons qu’il connaît la version “pote de comptoir” ou «collègue de boulot».
Et c’est là tout le paradoxe : croire qu’on connaît les gens, c’est rassurant. Mais c’est surtout une illusion.

Connaître les autres : une illusion confortable
On adore mettre les gens dans des boîtes. Ton client, c’est “celui qui parle beaucoup”. Ta collègue, c’est “la râleuse du bureau”. Ton mari, c’est “le calme de service”. Sauf que ces étiquettes, c’est un peu comme un déguisement : elles collent bien dans certaines circonstances, mais elles ne disent pas tout.
Et souvent, on ne voit que la vitrine. Ce qu’une personne choisit de montrer. Ce qu’on a envie de voir. Mais derrière, il reste tout un stock d’inédit : des colères jamais vues, des passions jamais partagées, des blessures jamais dites.
Et il y a une raison à ça.
👉 Parfois c’est de la pudeur. On veut pas déranger avec nos histoires car on est trop dans l’écoute. Ah ben tiens ça me rappelle moi pendant longtemps. A tellement planquer mes émotions et mes emmerdes que plein de gens pensaient que je vivais ma meilleure vie, qu’en j’en chiais affreux.
🟪 Parfois c’est de l’instinct de survie. Pas trop se découvrir, sinon on pourrait faire sortir nos émotions. Et comme on sait qu’on les gère pas top, ben autant les enfouir. Bienvenue dans la blessure de rejet tiens, comme par hasard. Les autres blessures sont concernées aussi hein, pas croire qu’il n’y a que celle-ci. Mais chacune nous fait jouer dans un autre registre. Comme quoi, l’étiquette qu’on colle aux autres a souvent un écho avec nos propres blessures
🟢 Parfois, c’est juste qu’on n’a pas trouvé les mots ou qu’on sait pas se dire. Et puis parfois, on est avec des gens bavards, du coup on écoute. Là encore, bonjour les blessures et les besoins refoulés.

Ce que les autres croient voir… et ce qui reste caché
De ce fait, on garde en soi. On protège. On attend. Et les gens pensent que nous sommes super heureux, taiseux, coléreux. Bref tout un panel de suppositions bien ancrées les faisant dire : je le ou la connais par cœur.
Une copine m’avait prévenue : tu verras mon mari ne parle pas, c’est un taiseux. Ok, c’est ben correc… Et là, grosse surprise, sûrement le mec à l’aise avec nous, mais il a causé plein toute la soirée. Nous l’avons revu à plusieurs reprises, à chaque fois, il a causé.
Se convaincre qu’on connaît quelqu’un “par cœur”, c’est confortable. Ça évite d’avoir à rester curieux. Ça évite d’être dérangé. Mais c’est faux.
En plus, c’est réducteur : personne n’a qu’une seule facette. Regardez l’exemple de nos enfants. Petits, oui nous apprenons à connaître leurs besoins pour nous occuper d’eux. Mais qu’ils aillent chez les grands parents, et ils ne sont pas les mêmes. Idem à l’école. Ou chez leurs petits copains. Combien de mamans m’ont dit : mais vos fils sont top, ils aident à débarrasser, ils sont raisonnables, super sages, pas comme le mien. Et là, je me disais : ben à la maison, sont pas si sages que ça, font connerie sur connerie. LOL. Mais mon Arthur me l’avait dit : « ben tu as dit qu’il fallait bien se tenir quand on va chez les gens. Et qu’à la maison, on pouvait se lâcher ». Ben pour se lâcher, ils se lâchaient.



Accueillir la surprise : l’art de rester vivant
La vérité, c’est qu’on ne se connaît même pas complètement soi-même. Alors imaginer qu’on connaît l’autre à 100 %, c’est une sacrée blague cosmique.
Il faut un sacré courage pour aller gratter dans nos blessures, nos défauts et les reconnaître. Se dire que bon oui je suis comme ça, du coup comment je fais pour évoluer quand ça me fait souffrir. Mieux se connaitre nous déjà, permet d’avoir peut être, plus de tolérance par rapport à l’autre. De se dire : bon il est sanguin, ben c’est un fait. Suis-je obligée de penser qu’il l’est en permanence en étant certaine qu’il n’a pas d’autres facettes ? Ben non, on peut être sanguin et avoir un cœur d’artichaut gros comme ça. Avoir un fond gentil pour de vrai.
Cela dit, la bonne nouvelle : c’est que cette part d’inconnu, c’est ce qui maintient la relation vivante. C’est que parfois on se dit : ah ben tiens j’aurais jamais pensé qu’il ou elle ferait ça. Pourtant il ou elle l’a fait. Ou réagirait comme ça… ben oui, multifacettes.
C’est ce qui fait qu’après 36 ans de vie commune, je peux encore dire à mon conjoint : “ah bon, toi, tu fais ça ?” « Tu vois le truc comme ça ». Être surprise par un comportement auquel je ne m’attendais pas.
Ça peut aussi mettre à jour une profondeur chez ton client ou ta collègue tu n’avais jamais soupçonnée. Dans une situation donnée, alors que tu pensais que c’était une vieille rascasse aigrie, elle fait un geste simple mais tellement généreux, que t’as du mal à y croire. Mais c’est factuel. T’aurais jamais pensé qu’elle pouvait avoir de la compassion par exemple.
De ton côté, tu peux redécouvrir un côté rock que tu avais rangé au placard depuis trop longtemps. Pas parce que t’es plus rock au fond de toi. Non, ça c’est pas possible, c’est dans le sang, voire les gènes. Mais parce que la vie t’a fait prendre un autre chemin et que ce côté-là, ben tu l’utilises moins. Même s’il fait partie intégrante de toi, faut pas le nier.

Conclusion : Arrêtons de croire qu’on connaît les gens par cœur
Alors bien sûr, va y en avoir qui vont lire et dire. Mais n’importe quoi, moi je connais mes gosses par cœur. Ben peut être que oui, mais peut être que non. Devenus adultes, ils font leur life et vivent des choses dont nous n’avons aucune idée, qui vont les transformer. Et même si dans le fond, il reste une base de ce qu’ils ont été, ils ne sont plus les mêmes, multifacettes.
Puis nous aussi nous évoluons. Tout le monde. Du coup, un trait de caractère va s’estomper ou être mis en exergue. Des choses que l’on faisait, vont nous paraitre absurdes, ou obsolètes. Et là encore, nous allons nous transformer et changer. Et dans ces conditions, nous montrerons des facettes, que les autres ne connaissent pas, mais que peut être nous même nous n’aurions jamais pensé avoir. Ça vous est jamais arrivé de vous dire : purée y a encore six mois, un an, j’aurais jamais fait ci ou ça ?
Alors au lieu de chercher à tout comprendre, tout maîtriser, tout mettre en boîte…
🔹 Et si on accueillait la surprise ?
🔸 Et si on se laissait surprendre par les autres, mais aussi par soi-même ?
Parce qu’au fond, c’est ça qui nous garde vivants : l’inattendu. Le mouvement de la vie. En Ayurveda, ce mouvement nait de l’air et va venir changer l’Ether. Qui au départ était figé, stagnant pour le rendre vivant. Perso, j’adore ce concept de mouvement. Mettre un peu d’air, pour nous aérer les neurones aussi quand nous sommes plombés par des croyances limitantes.
Et vous ? Vous pensez connaître des gens par cœur ? Vous pensez vous connaitre par cœur ? Où vous vous doutez qu’il peut y avoir des nuances à nos connaissances ?