Savez-vous écouter ?
Savez-vous écouter ? Ou comment la vraie écoute, rare et précieuse, peut transformer vos relations grâce à une présence sincère
À la question : « Savez-vous écouter ? », la réponse est souvent un grand « Oui, bien sûr ! ». Pourtant, dans notre société, l’écoute véritable est devenue une rareté. Nous écoutons souvent d’une oreille, prêts à réagir, conseiller ou raconter notre propre expérience. Parfois, on est littéralement en mode « starting-block », prêt à donner LA solution ou LE conseil, persuadé de savoir mieux.
Résultat ? On coupe la parole, on enchaîne sur son histoire, souvent sans même s’en rendre compte. Mais qu’est-ce que la vraie écoute ? Comme le dit si bien Thomas d’Ansembourg : « Écouter, c’est la fermer. » Un silence bienveillant pour laisser l’autre parler, vraiment. Alors, pourquoi est-ce si difficile dans nos interactions quotidiennes ?
Qu’est-ce que la vraie écoute ?
Écouter, ce n’est pas simplement entendre des mots. C’est offrir un espace de confiance où l’autre peut se déposer, sans crainte d’être interrompu ou jugé. Mais combien de conversations finissent en concours d’anecdotes personnelles ? On entend : « Ah oui, moi aussi… », et voilà que l’interlocuteur recentre sur son nombril, comblant un vide intérieur. Ces interruptions brisent le flux des confidences, empêchent l’autre de se libérer, et laissent une frustration tenace.
Parfois, certains prennent même la parole à la place de celui qui voulait s’exprimer. Pensant bien faire, ils racontent l’histoire de l’autre, mais finissent par le rendre invisible. Ces comportements, bien qu’involontaires, coupent l’élan et laissent des mots en suspens. L’écoute, dans ces cas, n’est qu’une illusion.
Les petites souris et les grandes bavardes
Dans les groupes, les « petites souris », ces personnes attentives et discrètes, finissent souvent par se taire. À chaque tentative d’expression, elles sont coupées dès leur premier mot. Alors, elles choisissent le silence. Leur frustration s’accumule, remplissant ce que j’appelle le « sac à merdasse », ce fardeau émotionnel que nous traînons tous et toutes comme un boulet. Puis, un jour, elles entendent cette phrase assassine : « Mais toi, tu ne dis jamais rien ! » Ah, mais bien sûr… comment parler si on ne vous laisse jamais la place ? et si je n’ose pas la prendre non plus ? Cette absence de place, imposée ou choisie, finit par renforcer leur silence, les enfermant dans un cercle vicieux où elles se rendent invisibles malgré elles.
À l’opposé, il y a les « pies jacasses » et les « mères Cottivet » – clin d’œil lyonnais à cette figure emblématique des pentes de la Croix-Rousse, qui bavassait à tort et à travers, pour colporter des rumeurs. Mon père les appelait « la miaule », cette concierge omniprésente, curieuse de tout, épiant chacun pour mieux raconter ensuite. Ces personnes parlent pour combler un vide en elles, transformant les échanges en cacophonie. Dans ce vacarme, celui qui avait vraiment besoin de parler finit par abandonner.
Quand la magie opère
Heureusement, il existe des moments où l’écoute reprend sa place et crée une véritable magie. Parfois, en plein brouhaha, une personne se tourne vers moi, plonge son regard dans le mien et commence à se confier. Tout autour disparaît. Une bulle de silence se forme, et l’écoute devient totale.
Dans ces instants précieux, même les autres présents se taisent. Fascinés par cette connexion sincère, ils entrent eux aussi dans la bulle, comme sur la pointe des pieds. Peut-être commencent-ils à s’écouter eux-mêmes, résonnant avec ce que la personne confie. Ces moments d’exception, où l’autre se sent vraiment entendu, sont puissants. Cela m’arrive souvent, dans mes accompagnements ou même lors de rencontres fortuites. Ils me rappellent combien une écoute sincère peut transformer une interaction.
Un art oublié
L’écoute est devenue un art perdu. Trop souvent, nos échanges se transforment en compétitions où chacun cherche à briller. Interrompre, ramener tout à soi, parler en chasser croiser par-dessus la tête de l’autre. C’est une manière inconsciente de combler un besoin de reconnaissance. Mais en parlant pour exister, on rend l’autre invisible.
Écouter vraiment, cela demande de la présence, du silence, et une grande maîtrise de soi. Il faut résister à cette envie pressante de répondre, de donner son avis. Cela demande de la patience, mais les résultats en valent la peine : des relations plus sincères, plus apaisées.
L’écoute dans mes accompagnements
Les femmes que j’accompagne, issues de cette génération « marche ou crève », dont je fais partie, ont appris à se taire, à accumuler leurs émotions sans jamais les exprimer. Être là pour les autres. Toujours. Tenter de combler leurs besoins parce que c’est « politiquement correct ». Être à l’écoute de nos partenaires, collègues, enfants, amis, parents… tout en portant l’armure de « Iron Woman », persuadées que dire « je vais y arriver », « je suis forte », ou « j’assume et je gère » est la solution.
Je comprends si bien ce vécu, parce que je l’ai traversé moi-même… et parfois, je le traverse encore. Mais aujourd’hui, j’ai appris à m’écouter, à être à l’écoute de mon corps, et c’est ce que je transmets.
Quand elles osent enfin parler, leurs mots jaillissent comme un torrent. Les larmes coulent, mêlées à des paroles libératrices, souvent retenues depuis des années. D’autres, après des années d’écoute imposée, se noient dans des flots de paroles superficielles, cherchant à combler un vide sans jamais aller au fond. Pourquoi ? Parce que se dire vraiment, aller à la source de ses émotions, ça fait peur. Cela demande du courage. Et elles n’ont pas appris à être sur le devant de la scène.
Lors de mes séances, la première heure est souvent chaotique, un flot désordonné de paroles. Mais petit à petit, elles réalisent que je suis là, en présence, mais silencieuse. Que je les écoute vraiment. Sans interruption, sans jugement. Alors, la profondeur s’installe, et la vérité émerge. Ce moment où elles se sentent enfin entendues est une vraie libération, et une première étape pour faire fleurir leur lotus intérieur.
L’écoute de soi, une clé essentielle
Avant de savoir écouter les autres, il est essentiel d’apprendre à s’écouter soi-même, notamment à travers les signaux de notre corps. Notre corps nous parle en permanence : tensions, douleurs, fatigue… Ce sont autant de messages que nous ignorons souvent, pris dans l’urgence du quotidien. Mais apprendre à écouter son corps, c’est se reconnecter à soi, retrouver un équilibre intérieur.
C’est d’ailleurs ce que j’enseigne dans mes formations en massage-Bien-Être, notamment, ayurvédique. L’écoute de son propre corps est la base pour masser sans se blesser, sans s’épuiser. Quand nous sommes à l’écoute de notre posture, de nos gestes, nous protégeons notre énergie et massons avec justesse. Mais cette écoute va plus loin : en restant neutres, présents mais silencieux face à la personne que nous massons, nous lui permettons de se reconnecter avec son propre corps, d’entendre ce qu’il lui dit.
Les massages ayurvédiques ne sont pas qu’une technique ; ils sont une invitation à ressentir, à écouter, à réapprendre ce dialogue intérieur. Et cela commence par soi : masser, c’est d’abord s’écouter pour mieux accompagner.
Conclusion
La vraie écoute est rare, précieuse, mais accessible. Elle demande du silence, de la présence, et une volonté sincère d’accueillir l’autre. Alors, la prochaine fois que quelqu’un vous parle, offrez-lui ce cadeau. Pas pour répondre, pas pour conseiller, mais pour lui permettre de se libérer.
Et vous, quand avez-vous offert cette écoute sincère pour la dernière fois ?
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